samedi 3 décembre 2016

Histoire d'un paysan IV - Erckmann-Chatrian (livre audio) | @ebookaudio

Histoire d'un paysan IV - Erckmann-Chatrian (livre audio)Y inclus, gratuitement, "La guerre", des mêmes auteurs.epub et .mobi.
«Moi, je suis un homme du peuple, et j'écris pour le peuple. Je raconte ce qui s'est passé sous mes yeux.J'ai vu l'ancien régime avec ses lettres de cachet, son gouvernement du bon plaisir, sa dîme, ses corvées, ses jurandes, ses barrières, ses douanes intérieures, ses capucins crasseux mendiant de porte en porte, ses privilèges abominables, sa noblesse et son clergé, qui possédaient à eux seuls les deux tiers du territoire de la France! J'ai vu les états-généraux de 1789 et l'émigration, l'invasion des Prussiens et des Autrichiens, et la patrie en danger, la guerre civile, la Terreur, la levée en masse! enfin toutes ces choses grandes et terribles, qui étonneront les hommes jusqu'à la fin des siècles.C'est donc l'histoire de vos grands-pères, à vous tous, bourgeois, ouvriers, soldats et paysans, que je raconte, l'histoire de ces patriotes courageux qui ont renversé les bastilles, détruit les privilèges, aboli la noblesse, proclamé les Droits de l'homme, fondé l'égalité des citoyens devant la loi sur des bases inébranlables, et bousculé tous les rois de l'Europe, qui voulaient nous remettre la corde au cou.»

Extrait : Enfin, ayant mon congé dans ma poche, et cent livres en assignats, que Marguerite m’avait envoyés bien vite, en apprenant par mes lettres que j’étais malade à l’hôpital de Nantes, je ramassai mon courage et je pris le chemin du pays. C’était en mars, au temps de la plus grande terreur et de la plus effrayante famine. Il ne faut pas croire que le temps était mauvais ; au contraire, l’année se présentait bien, tout verdissait et fleurissait, les poiriers, les pruniers, les abricotiers étaient déjà blancs et roses avant la fin d’avril. On aurait béni l’Éternel, s’il avait été possible de rentrer la moitié des récoltes qu’on voyait en herbe ; mais elles étaient encore sous terre, il fallait attendre des semaines et des mois pour les avoir.

Je pourrais vous peindre tout le long de la Loire les villages abandonnés, les églises fermées, les files de prisonniers qu’on emmenait ; l’épouvante des gens qui n’osaient vous regarder ; les commissaires civils, avec leur écharpe et leurs hommes, le dénonciateur derrière, en train de faire la visite ; les gendarmes et même les citoyens qui vous demandaient votre feuille de route à chaque pas.
Les hébertistes, qui voulaient abolir l’Être suprême, venaient d’être guillotinés ; on cherchait de tous les côtés leurs complices, et naturellement plus d’un frémissait car on ne voulait plus d’ivrognes, plus de débauchés, plus d’êtres éhontés qui renient la justic
e et l’humanité ; on ne parlait plus que de Robespierre et du règne de la vertu.
Moi je me traînais d’étape en étape, tout pâle et maigre, comme un malheureux qui n’a plus que le souffle. Quelquefois les paysans que je rencontrais, tournant la tête, avaient l’air de se dire en eux-mêmes :
« Celui-là n’a pas besoin de s’inquiéter, il ne fera pas de vieux os ! »
Dans les environs d’Orléans, l’idée me vint d’aller voir Chauvel à Paris ; c’était une idée de malade qui se raccroche à toutes les branches. Je me figurais que les médecins de Paris en savaient plus que les barbiers, les vétérinaires et les arracheurs de dents qu’on avait envoyés dans nos bataillons en 92 ; et puis Paris c’était tout : c’est de là que partaient les décrets, les ordres aux armées, les gazettes et les grandes nouvelles ; je voulais voir Paris avant de mourir, et vers le commencement d’avril j’arrivai dans ses environs
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