samedi 3 décembre 2016

Waterloo - Erckmann-Chatrian (livre audio) | @ebookaudio

Waterloo - Erckmann-Chatrian (livre audio)Y inclus, gratuitement, "La guerre", des mêmes auteurs.epub et .mobi.
Ce roman fait suite à l'Histoire d'un conscrit de 1813.

Extrait : Ce jour-là son indignation était si grande, qu’il ne pouvait presque pas travailler, et qu’il se levait à chaque minute en criant :

« Joseph, si j’avais eu du goût pour les Bourbons, ce tas de gueux m’en auraient déjà dégoûté. Ce sont des individus de cette espèce qui perdent tout, car ils approuvent tout, ils trouvent tout beau, tout magnifique, ils ne voient de défaut en rien ; ils lèvent les mains au ciel avec des cris d’admiration quand le roi tousse ; enfin ils veulent avoir leur part du gâteau. Et quand, à force de les entendre s’extasier, les rois et les empereurs finissent par se croire des dieux, et qu’il arrive des révolutions, alors des gueux pareils les abandonnent, et recommencent la même comédie sous les autres. De cette façon, ils restent toujours en haut, et les honnêtes gens sont toujours dans la misère ! »
Cela se passait au commencement du mois de mai, dans le temps où l’on affichait à la mairie que le roi venait de faire son entrée solennelle à Paris, au milieu des maréchaux de l’Empire, « que la plus grande partie de la population s’était précipitée à sa rencontre, que les vieillards, les femmes et les petits enfants avaient grimpé sur les balcons pour jouir de sa vue, et qu’il était entré d’abord dans l’église Notre-Dame, rendre grâces au Seigneur, et seulement ensuite dans son palais des Tuileries. » On affichait aussi que le sénat avait eu l’honneur de lui faire un discours magnifique, disant qu’il ne fallait pas s’effrayer de tous nos désordres, qu’il fallait prendre courage, et que les sénateurs l’aideraient à sortir d’embarras. Chacun approuvait ce discours.
Mais peu de temps après nous devions jouir d’un nouveau spectacle, nous devions voir revenir les émigrés du fond de l’Allemagne et de la Russie. Ils arrivaient les uns en patache, les autres en simples paniers à salade, qui sont des espèces de chariots en osier, à
 deux et quatre roues. Les dames avaient des robes à grands ramages, et les hommes portaient presque tous le vieil habit à la française, avec la petite culotte, et le grand gilet pendant jusque sur les cuisses, comme on les représente dans les images du temps de la République.
Tous ces gens semblaient fiers et joyeux ; ils étaient contents de revenir dans leur pays. Malgré les vieilles haridelles qui les traînaient, malgré leurs misérables voitures remplies de paille, et les paysans qu’ils faisaient monter devant en guise de postillons, malgré tout, cela m’attendrissait ; je me rappelais la joie que j’avais eue, cinq mois avant, de revoir la France, et je me disais : « Pauvres gens, vont-ils pleurer en revoyant Paris, vont-ils être heureux ! »
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