jeudi 10 novembre 2016

Olympe de Clèves II - Alexandre Dumas (livre audio) | @ebookaudio

Olympe de Clèves II - Alexandre Dumas (livre audio)Bannière, jeune novice chez les jésuites, passionné de théâtre, voit l'actrice Olympe de Clèves par la fenêtre de son couvent. Il en tombe amoureux, s'enfuit et se rend au théâtre, où il se retrouve sur les planches, remplaçant Champmeslé, acteur pieux honteux d'être comédien. Ce dernier vole les habits de Bannière et se fait jésuite à sa place. Bannière est contraint de fuir, ayant rompu son noviciat. Olympe, qui vient de se faire éconduire par son amant, M. de Mailly, s'éprend de Bannière, et ils fuient vers Lyon. 

Extrait : Cependant, deux heures après le départ de Lyon, Bannière avait été obligé de donner quelques instants de repos à lui-même d’abord, et ensuite à sa monture. Ces moments de repos, il les employa pour son compte à entamer une excellente bouteille de vin de Bourgogne, et pour le compte de son cheval à lui faire servir une double ration d’avoine, dans laquelle il versa généreusement le reste de sa bouteille.

Pendant cette course de deux heures, Bannière avait fait huit lieues à peu près. L’homme rafraîchi, le cheval repu, l’homme remonta sur le cheval et reprit sa course.
Le vin et l’avoine avaient fait merveille : l’animal avait le diable au corps ; ses pieds ne touchaient pas la terre. On eût dit la monture de Faust se rendant au sabbat.
Il est vrai qu’aux flancs de Faust on eût vainement cherchée Méphistophélès ; mais visible ou invisible, tout homme a son Méphistophélès galopant à ses côtés.
Le Méphistophélès de Bannière, c’était en ce moment un composé de toutes les passions : c’était d’abord pour Olympe un amour plus violent que jamais ; c’était pour monsieur de Mailly une haine profonde qui allait s’aigrissant de minute en minute, car il songeait, le pauvre Bannière, que ces minutes pendant lesquelles s’aigrissait sa haine, monsieur de Mailly les passait près d’Olympe ; puis de temps en temps se joignait à cela un autre sentiment, qui, pour être moins élevé que ces deux belles passions avec lesquelles on a fait tant de belles tragédies et tant de beaux drames, la haine et l’amour, n’en était pas moins pressant.
Nous voulons parler de la peur.
Bannière avait peur d’être poursuivi, Bannière avait peur d’être rejoint ; c’était la seconde fois qu’il fuyait ainsi : la première, les jésuites ; la seconde, les dragons. Mais la première fois il fuyait avec Olympe, et cette fois il fuyait seul, sauf le Méphistophélès invisible qui lui disait tout bas :
— Alerte ! Bannière, alerte ! et tu rejoindras Olympe, et tu rejoindras monsieur de Mailly, et tu échapperas aux dragons comme tu as échappé aux jésuites.
Alerte ! Bannière, alerte ! Et chaque suggestion de ce dieu qui aiguillonnait Bannière se traduisait en coups d’éperons pour le pauvre cheval.
Enfin le cheval, épuisé, s’arrêta de lui-même tout tremblant sur ses jambes, haletant, ruisselant de sueur.
Notre écuyer improvisé venait de faire en cinq heures quinze lieues de pays bien comptées, qui, au calcul le plus bas, équivalent toujours à vingt-cinq lieues de poste.
Bannière, quand son cheval s’arrêta, était en conversation suivie avec son Méphistophélès, et ne s’était point aperçu qu’il était arrivé dans un gros bourg dont les habitants, debout au seuil de leurs portes ou assis sur des bancs accolés à la façade de leurs maisons, regardaient avec une sorte de bien-être égoïste, qu’ils ne prenaient pas même la peine de déguiser, ce cavalier si blanc de poudre, ce cheval si blanc d’écume, harassés tous deux, tandis qu’eux, les braves campagnards, se contentant de laisser tourner la tête sans s’agiter à sa surface, n’avaient point cessé d’être parfaitement heureux, tranquilles et immobiles, jouissant de ce bien-être que les poètes latins, gens éminemment paresseux, ont admirablement compris.
Voyez le berger de Virgile remerciant Auguste du repos qu’il lui a fait ; voyez Lucrèce se félicitant d’être bien tranquille au rivage lorsque la mer fait bondir sur ses vagues courroucées, navires et matelots.
Quand le cheval s’arrêta et que Bannière put ouvrir ses yeux gonflés par la poussière et alourdis par le sang, il vit d’abord ce grand bourg don
t nous avons parlé et qui se composait d’une seule rue à l’extrémité de laquelle on apercevait la plaine. Puis, comme cela arrive souvent, lorsqu’il eut ramené son regard des objets éloignés aux objets plus proches, il vit un homme de bonne figure qui tenait la bride de son cheval, et un autre homme moins fleuri qui tenait l’étrier au côté montoir. En même temps, une voix qui affectait un accent gracieux dit à ses oreilles :

— Bonjour, monsieur le dragon !



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