Bannière, jeune novice chez les jésuites, passionné de théâtre, voit l'actrice Olympe de Clèves par la fenêtre de son couvent. Il en tombe amoureux, s'enfuit et se rend au théâtre, où il se retrouve sur les planches, remplaçant Champmeslé, acteur pieux honteux d'être comédien. Ce dernier vole les habits de Bannière et se fait jésuite à sa place. Bannière est contraint de fuir, ayant rompu son noviciat. Olympe, qui vient de se faire éconduire par son amant, M. de Mailly, s'éprend de Bannière, et ils fuient vers Lyon. Extrait : Voilà un bel éloge, j’espère ! Eh bien ! à cet éloge, quoique nous arrivions cent ans après celui qui l’a fait, nous n’enlèverons presque rien et nous ajouterons même quelque chose.
En effet, pour le voyageur qui descend le fleuve auquel Tibulle donne l’épithète de celer, Ausone celle de praeceps, et Florus celle d’impiger ; pour celui qui commence, depuis Montélimar, à s’apercevoir qu’il est dans le Midi, au ton plus chaud des terrains, à l’air plus limpide, aux contours plus arrêtés des objets ; pour celui qui passe enfin en frissonnant sous les arches meurtrières du pont Saint-Esprit, dont chacune a son nom, afin que l’on sache à l’instant même où un bateau se brise contre une d’elles à quel endroit il faut porter secours ; pour qui laisse à droite Roquemaure, où Annibal traversa le Rhône avec ses quarante éléphants ; à gauche le château de Mornas, du haut duquel le baron des Adrets fit sauter toute une garnison catholique ; Avignon, à l’un des détours du fleuve, se présente tout à coup avec une magnificence vraiment royale.
Il est vrai que la seule chose qu’on aperçoive d’Avignon, au moment où l’on perçoit Avignon, c’est son gigantesque château, palais des papes, édifice du quatorzième siècle, seul modèle complet de l’architecture militaire de cette époque, et qui est bâti sur l’emplacement où s’élevait autrefois le temple de Diane, qui a donné son nom à la ville.
Maintenant, comment un temple de Diane a-t-il pu donner son nom à la future demeure des papes ? Nous allons le dire, en réclamant pour nous cette indulgence dont nous avons toujours vu les lecteurs être prodigues envers les étymologistes.
Ave, Diana ! salut, Diane ! disait le voyageur du plus loin qu’il apercevait le temple de la chaste déesse, au temps de la belle latinité, au siècle de Cicéron, de Virgile et d’Auguste ;
Ave, Niana ! commencèrent à dire les bateliers au siècle de Constantin, c’est-à-dire à une époque où l’idiome du pays avait déjà corrompu la pureté de la langue latine ;
Ave Nio ! dirent les soldats des comtes de Toulouse, de Provence et de Forcalquier ; de là, Avignon.
Notez bien que ceci est de l’histoire ; nous serions autrement positif que nous ne le sommes si, au lieu d’histoire, nous faisions du roman.
Vous voyez donc que de tout temps Avignon a été une ville privilégiée ; d’ailleurs, une des premières, elle a eu un pont magnifique, un pont bâti en 1177 par un jeune berger nommé Bennezet, qui après avoir été pasteur de brebis se fit pasteur d’âmes, et eut la chance d’être canonisé. Il est vrai qu’il ne reste plus aujourd’hui que trois ou quatre arches de ce pont, ruiné sous le règne de Louis XIV, l’an de grâce 1669, c’est-à-dire cinquante-huit ans à peu près avant l’époque où commence l’histoire que nous allons raconter.
Mais c’est surtout vers la fin du quatorzième siècle qu’Avignon était splendide à voir. Philippe le Bel, qui avait cru donner à Clément V et à ses successeurs des gardes, une prison et un asile, leur avait donné une cour, un palais et un royaume.
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