Comment, lors du Mardi Gras de 1827, trois compères (Jean Robert le poète, Ludovic le médecin et Pétrus le peintre) font la connaissance de Monsieur Salvator, de son état commissionnaire rue aux Fers et bien plus que cela. Comment ils favorisent les amours du sympathique musicien Justin, et ne négligent pas les leurs propres. Comment nos héros (sans oublier le chien Roland) découvrent la vérité sur l'horrible assassinat, en 1820, de la famille Tardieu. Comment , au service de la Charbonnerie, ils mènent la vie dure aux sbires du roi Charles X, et en particulier au policier Jackal (qui ressemble fort à Vidocq, et qui n'a pas tort de répéter en toute affaire « Cherchez la femme ! »). Comment Salvator règle de vieux comptes avec l'exécrable famille des marquis de Valgeneuse. Comment l'histoire finit par des chansons, et même par un opéra. Tout cela, et bien plus, s'entremêle et se tient parfaitement, avec (entre autres), dans leurs propres rôles, Chateaubriand, La Fayette et Napoléon II. Extrait : Car, si loin que M. Gérard repoussât de lui ce titre de camarade appliqué à Gibassier, il n’en était pas moins obligé de s’avouer à lui-même que plus il repoussait ce titre loin et haut, de plus loin et de plus haut, pareil au rocher de Sisyphe, ce titre retombait sur lui.
Il n’avait donc point tardé à prendre la résolution de retourner à Vanves.
Il avait vu M. Jackal la veille, et le moment arriverait toujours assez vite de revoir M. Jackal, chez lequel, comme le lui avait rappelé Gibassier, il était forcé de se présenter deux fois la semaine.
Puis une vague inquiétude lui disait que c’était à Vanves qu’il était menacé.
Si spécieuses que fussent les raisons données par Gibassier, M. Gérard n’admettait pas que Gibassier se fût jamais assez cru son ami pour se blesser aussi profondément d’un oubli des plus naturels.
Quelque chose d’étrange restait donc caché au fond de ce mystère.
Or, dans la situation où se trouvait M. Gérard, à la veille de l’exécution d’un homme qui allait payer de sa tête le crime que lui, Gérard, avait commis, tout ce qui est obscur est dangereux.
Aussi désirait-il et craignait-il tout à la fois d’être de retour à Vanves.
Mais les chevaux, qui avaient fait le chemin de Vanves à la barrière d’Enfer en une heure et un quart, prétextèrent naturellement de leur fatigue, et mirent une heure et demie pour revenir de la barrière d’Enfer à Vanves.
En vain l’orage menaçait-il de plus en plus ; en vain, malgré le roulement du fiacre, le grondement du tonnerre arrivait-il jusqu’à M. Gérard ; en vain, à la lueur des éclairs, le paysage perdu dans les ténèbres s’illuminait-il tout à coup d’une flamme livide, le cocher n’en donna pas un coup de fouet de plus, et les chevaux n’en firent pas un pas plus vite.
Au moment où dix heures sonnaient, M. Gérard descendait devant sa maison et réglait son compte avec le cocher.
M. Gérard attendit patiemment que celui-ci eût fait minutieusement son calcul et eût remis ses chevaux au pas dans la direction de Paris.
Seulement alors, il se retourna du côté de sa maison.
Elle était perdue dans la plus profonde obscurité.
Quoique pas un volet ne fût fermé, on ne voyait de lumière à aucune fenêtre. Ce n’était pas étonnant : il était tard ; les convives devaient être retirés, et les domestiques se tenaient probablement à l’office. Or, l’office faisait partie des communs et donnait sur le jardin.
M. Gérard monta les escaliers qui conduisaient de la rue à la porte d’entrée. À mesure qu’il montait les escaliers, il lui semblait voir, au milieu de l’obscurité, que la porte était ouverte. Il étendit la main ; la porte était ouverte, en effet. C’était une bien grande imprudence aux domestiques que d’avoir, par une pareille nuit où le ciel s’apprêtait à livrer un si violent combat à la terre, laissé la porte ouverte et les volets non fermés.
M. Gérard se promit de les tancer d’importance. Il entra, ferma la porte, et se trouva dans les ténèbres les plus épaisses. Il s’approcha à tâtons de la loge du concierge. La porte en était ouverte.
M. Gérard appela le concierge ; personne ne répondit.
M. Gérard fit quelques pas, tâta du pied, trouva le premier degré de l’escalier, et, levant la tête, appela le valet de chambre. Il ne reçut pas de réponse.
— Tout cela mange aux cuisines, se dit tout haut M. Gérard, comme si, en disant tout haut la chose, la probabilité en devenait plus grande.
En ce moment, un violent coup de tonnerre se fit entendre, un éclair brilla, et M. Gérard vit que la porte du perron donnant sur le jardin était toute grande ouverte comme celle de la rue.
— Oh ! oh ! murmura-t-il, qu’est-ce que cela signifie ? On dirait d’une maison abandonnée.
Il gagna en tâtonnant l’extrémité du vestibule, car on y voyait seulement pendant la courte durée des éclairs, et, de là, il aperçut dans l’office une lumière qui brûlait.
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