Comment, lors du Mardi Gras de 1827, trois compères (Jean Robert le poète, Ludovic le médecin et Pétrus le peintre) font la connaissance de Monsieur Salvator, de son état commissionnaire rue aux Fers et bien plus que cela. Comment ils favorisent les amours du sympathique musicien Justin, et ne négligent pas les leurs propres. Comment nos héros (sans oublier le chien Roland) découvrent la vérité sur l'horrible assassinat, en 1820, de la famille Tardieu. Comment , au service de la Charbonnerie, ils mènent la vie dure aux sbires du roi Charles X, et en particulier au policier Jackal (qui ressemble fort à Vidocq, et qui n'a pas tort de répéter en toute affaire « Cherchez la femme ! »). Comment Salvator règle de vieux comptes avec l'exécrable famille des marquis de Valgeneuse. Comment l'histoire finit par des chansons, et même par un opéra. Tout cela, et bien plus, s'entremêle et se tient parfaitement, avec (entre autres), dans leurs propres rôles, Chateaubriand, La Fayette et Napoléon II. Extrait : De l’est à l’ouest, en passant par le sud, Paris, en 1827, était à peu près ce qu’il est en 1854. Le Paris de la rive gauche est naturellement stationnaire, et tend plutôt à se dépeupler qu’à se peupler ; au contraire de la civilisation, qui marche d’Orient en Occident, Paris, cette capitale du monde civilisé, marche du sud au nord ; Montrouge envahit Montmartre.
Les seuls travaux réels qui aient été faits sur la rive gauche, de 1827 à 1854, sont la place et la fontaine Cuvier, la rue Guy-Labrosse, la rue de Jussieu, la rue de l’École-Polytechnique, la rue de l’Ouest, la rue Bonaparte, l’embarcadère d’Orléans, celui de la barrière du Maine ; enfin, l’église Sainte-Clotilde, qui s’élève sur la place Bellechasse, le palais du conseil d’État sur le quai d’Orsay, et l’hôtel du ministère des Affaires étrangères sur le quai des Invalides.
Il en a été bien autrement sur la rive droite, c’est-à-dire dans l’espace compris du pont d’Austerlitz au pont d’Iéna, en longeant le pied de Montmartre. En 1827, Paris, à l’est, ne s’étendait, en réalité, que jusqu’à la Bastille – et encore tout le boulevard Beaumarchais était-il à bâtir ; au nord, que jusqu’à la rue de la Tour-des-Dames et la rue de La Tour-d’Auvergne, et, à l’ouest, que jusqu’à l’abattoir du Roule et l’allée des Veuves.
Mais, du quartier du faubourg Saint-Antoine, qui, de la place de la Bastille, va jusqu’à la barrière du Trône ; du quartier Popincourt, qui, du faubourg Saint-Antoine, va jusqu’à la rue Ménilmontant ; du quartier du faubourg du Temple, qui va, de la rue Ménilmontant, au faubourg Saint-Martin ; du quartier La Fayette, qui va, du faubourg Saint-Martin, au faubourg Poissonnière ; mais, enfin du quartier Turgot, du quartier Trudaine, du quartier Breda, du quartier Tivoli, du quartier de la place de l’Europe, du quartier Beaujon ; des rues de Milan, de Madrid, Chaptal, Boursault, de Laval, de Londres, d’Amsterdam, de Constantinople, de Berlin, etc. – il n’en était point encore question.
Quartiers, places, squares, rues, la baguette de cette fée qu’on appelle l’Industrie les a tous fait jaillir de terre, pour servir de cortège à ces princes du commerce qu’on appelle les chemins de fer de Lyon, de Strasbourg, de Bruxelles et du Havre.
Dans cinquante ans, Paris aura rempli tout l’espace qui reste vide, aujourd’hui, entre ses faubourgs et ses fortifications ; alors, tout ce qui est faubourgs sera Paris, et de nouveaux faubourgs s’allongeront à toutes les ouvertures de cette vaste enceinte de murailles.
Nous avons vu ce qu’était le Paris physique, en 1827 ; voyons ce qu’était le Paris moral.
Charles X régnait depuis deux ans ; depuis cinq ans, M. de Villèle était président du Conseil ; enfin, depuis trois ans, M. Delavau avait succédé à M. Anglès, si gravement compromis dans l’affaire Maubreuil.
Le roi Charles X était bon ; il avait à la fois le cœur faible et honnête, et laissait croître autour de lui les deux partis qui, en croyant l’affermir, devaient le renverser – le parti ultra et le partiprêtre.
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