Emmanuel Philibert, duc de Savoie sans territoires, est le commandant en chef des troupes de Charles Quint en Artois. Il est entouré de son fidèle écuyer Scianca-Fero d'une force redoutable et de son page Léone sensible et frêle auquel il semble tendrement attaché. Il faut dire que Léone est en fait une jeune fille, Léona, qui a dû changer d'identité pour survivre aux ennemis de son père. Le comte de Waldeck ayant commis des actes de pillage, Emmanuel Philibert se voit contraint de le tuer, s'attirant ainsi la haine de son fils. Extrait : Brillante cavalcade, s’il en fut ; car elle se composait du roi Henri II, de sa sœur madame Marguerite de France, de la belle duchesse de Valentinois sa maîtresse, du dauphin François son fils aîné, de sa fille Élisabeth de Valois, de la jeune reine d’Écosse Marie Stuart et des principales dames et des principaux seigneurs qui faisaient, à cette époque, l’ornement et la gloire de la maison de Valois, parvenue au trône dans la personne du roi François Ier, mort, comme nous l’avons dit, le 31 mai 1547.
En outre, au balcon aérien du château, appuyée sur une espèce de dentelle de fer merveilleusement travaillée, se tenait la reine Catherine avec les deux jeunes princes qui furent plus tard, l’un le roi Charles IX et l’autre le roi Henri III, âgés, le prince Charles de 7 ans, le prince Henri de 6, et la petite Marguerite qui devait être plus tard la reine de Navarre et qui ne comptait encore que cinq années. Tous trois trop jeunes, comme on voit, pour accompagner le roi Henri leur père à la chasse à courre qui se préparait.
Quant à la reine Catherine de Médicis, elle avait, pour ne point être de cette chasse, présenté une légère indisposition et, comme la reine Catherine était une de ces femmes qui ne font rien sans raison, très certainement elle avait, sinon une indisposition réelle, du moins une raison d’être indisposée.
Tous les personnages que nous venons de nommer étant appelés à jouer un rôle des plus actifs dans l’histoire que nous avons entrepris de raconter, le lecteur nous permettra, avant que nous reprenions le fil rompu des événements contemporains, de mettre sous ses yeux un portrait physique et moral de chacun de ces personnages.
Commençons par le roi Henri II qui marchait le premier, ayant, à sa droite, madame Marguerite sa sœur et, à sa gauche, la belle duchesse de Valentinois.
C’était, alors, un beau et fier chevalier de trente-neuf ans, aux sourcils noirs, aux yeux noirs, à la barbe noire, au teint basané, avec un nez aquilin et de belles dents blanches ; moins grand, moins vigoureusement musclé que son père, mais admirablement pris dans sa taille qui était au-dessus de la moyenne ; tellement amoureux de la guerre que, lorsqu’il n’en avait point la réalité dans ses États ou dans ceux de ses voisins, il voulait en avoir l’image à sa cour et au milieu de ses plaisirs.
Aussi, même en temps de paix, le roi Henri II, n’ayant de lettres que juste ce qu’il en fallait pour récompenser honorablement les poètes, sur lesquels il recevait ses opinions toutes faites de sa sœur madame Marguerite, de sa maîtresse la belle Diane, ou de sa charmante petite pupille Marie Stuart, aussi, même en temps de paix, disons-nous, le roi Henri II était-il l’homme le moins oisif de son royaume.
Voici comment il partageait ses journées.
Ses matins et ses soirs, c’est-à-dire son lever et son coucher, étaient consacrés aux affaires ; deux heures le matin lui suffisaient d’ordinaire à les expédier. Puis il entendait la messe fort dévotement, car il était bon catholique comme il le prouva en déclarant qu’il voulait voir brûler de ses yeux le conseiller au parlement Anne Dubourg, plaisir qu’il ne put cependant avoir, étant mort six mois avant que le pauvre huguenot fût conduit au bûcher. À midi sonnant, il dînait ; après quoi il rendait visite, avec les seigneurs de sa cour, à la reine Catherine de Médicis, chez laquelle il trouvait, comme dit Brantôme, une foule de déesses humaines, les unes plus belles que les autres. Alors là, tandis que lui entretenait la reine ou madame sa sœur, ou la petite reine dauphine Marie Stuart, ou les princesses ses filles aînées, chaque seigneur et gentilhomme en faisait autant que le roi, causant avec la dame qui lui plaisait le mieux. Cela durait deux heures à peu près ; puis le roi passait à ses exercices.
Le page du duc de Savoie II - Alexandre Dumas (livre audio) | @ebookaudio
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