En 1794 la terreur est à son paroxysme en France, l'ennemi menace aux frontières de toutes parts. A Strasbourg, c'est le général Pichegru que nous suivons dans ses victoires sur les Prussiens; à Toulon, c'est un jeune colonel du nom de Bonaparte qui reprend la ville aux Anglais. Extrait : Comment insulterait-on le drapeau d’Ivry, de Denain et de Fontenoy, quand il est porté par des mains aussi braves, aussi loyales et aussi pures que celles des Bonchamps, des d’Elbée et des Lescure ?
Napoléon, qui se connaissait en braves, appelait la guerre de Vendée la guerre des géants.
Le seul crime de ceux qui la faisaient était de substituer la foi à la raison ; la preuve qu’ils étaient aveuglés par une fausse croyance, c’est que la royauté pour laquelle ils mouraient les a trahis, c’est que le Dieu qu’ils invoquaient les a abandonnés.
Pendant neuf cents ans, ce Dieu avait pris la cause des rois : il était temps qu’à la fin il prît la cause des peuples.
Mais ce Dieu sait que j’ai visité avec le même respect les champs de bataille de La Tremblaye et de Torfou que ceux de Marengo, d’Austerlitz et de Wagram.
Partout où des hommes ont donné leur vie, c’est-à-dire le bien le plus précieux qu’ils aient reçu de Dieu, puisque Dieu lui-même ne peut le leur rendre, partout où des hommes ont donné leur vie pour confesser leur foi, trois hommes doivent s’incliner devant leurs tombes : l’historien, le romancier et le poète.
Et, pour moi, il n’y a pas de mérite à être resté fidèle, pendant toute ma vie, à la religion dans laquelle je suis né. Lorsque j’ouvris les yeux, la République n’avait pas encore rendu le dernier soupir, et je fus bercé sur le sein mourant de cette mère héroïque ; mes hochets ont été les épaulettes d’or que mon père venait de détacher de son habit et, longtemps avant d’atteindre sa garde, je me suis mesuré à son sabre de bataille.
Mon pavillon, à moi, fils de la République allaité par l’Empire, est celui qui fut arboré par les vainqueurs du 14-Juillet sur la Bastille, vide et fumante ; qui conduisit nos soldats à Valmy, à Montebello, à Rivoli, aux Pyramides, à Marengo, à Austerlitz, à Burgos, à Ocaňa, à Wagram, à la Moskowa, à Lutzen, à Bautzen, à Champaubert et à Montmirail ; qui suivit Napoléon à l’île d’Elbe pour reparaître avec lui le 20 mars 1815 ; qui disparut dans le glorieux gouffre de Waterloo, et que, tout déchiré par les balles anglaises et les baïonnettes prussiennes, nous vîmes surgir, par un soir d’orage, au milieu de la fusillade et de la fumée, le 29 juillet 1830, avec des cris de joie et d’amour, sur les tours de Notre-Dame.
Et jamais vous ne comprendrez cela, hommes d’une autre génération que la nôtre, jamais vous ne comprendrez ce qu’il a eu pour nous de bonheur et d’orgueil à voir tout à coup se dérouler, le soir d’un combat, aux derniers rayons du soleil couchant, aux derniers pétillements de la fusillade, ce drapeau avec lequel nos pères avaient fait le tour de l’Europe, et qui, jeté de côté comme un haillon, avait été vingt ans avili et calomnié.
Mais cette fois il resta indéracinable et éternel, parce que cette fois c’était la main robuste du peuple qui l’avait enfoncé dans le granit.
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