mercredi 26 octobre 2016

Blanche de Beaulieu et autres histoires - Alexandre Dumas (livre audio | @ebookaudio

Blanche de Beaulieu et autres histoires - Alexandre Dumas (livre audio)Blanche de Beaulieu, suivi de Chasseurs d'ours - Les enfants de la madone - La main droite du sire de Giac - Le cocher de cabriolet. Blanche de Beaulieu : Olivier et d'Hervilly, deux généraux républicains, sont envoyés pour surprendre une messe clandestine dans le bocage vendéen; ils assistent écoeurés à un carnage qu'ils ne cautionnent pas. Soudain, un jeune Vendéen vient supplier Olivier de le sauver.

Extrait : D’abord, à l’endroit où sa vue aurait cherché le village perdu dans les arbres, au milieu d’un horizon déjà assombri par le crépuscule, il eût aperçu trois ou quatre colonnes de fumée, qui, isolées à leur base, se joignaient en s’élargissant, se balançaient un instant comme un dôme bruni, et, cédant mollement à un vent humide d’ouest, roulaient dans cette direction, confondus avec les nuages d’un ciel bas et brumeux ; il eût vu cette base rougir lentement, puis toute fumée cesser, et, des toits des maisons, des langues de feu aiguës s’élancer à leur place avec un frémissement sourd, tantôt se tordant en spirales, tantôt se courbant et se relevant comme le mât d’un vaisseau ; il lui eût semblé que bientôt toutes les fenêtres s’ouvraient pour vomir du feu ; de temps en temps, quand un toit s’enfonçait, il eût entendu un bruit sourd ; il eût distingué une flamme plus vive, mêlée de milliers d’étincelles, et, à la lueur sanglante de l’incendie s’agrandissant, des armes luire, un cercle de soldats s’étendre au loin ; il eût entendu des cris et des rires, et il eût dit avec terreur : Dieu me pardonne, c’est une armée qui se chauffe avec un village.

Effectivement, une brigade républicaine de douze ou quinze cents hommes avait trouvé le village de Saint-Crépin abandonné et y avait mis le feu.
Ce n’était point une cruauté, mais un moyen de guerre, un plan de campagne comme un autre ; l’expérience prouva qu’il était le seul qui fût bon.
Cependant une chaumière isolée ne brûlait pas, on semblait même avoir pris toutes les précautions nécessaires pour que le feu ne pût l’atteindre. Deux sentinelles veillaient à la porte, et, à chaque instant, des officiers d’ordonnance, des aides de camp entraient, puis bientôt sortaient pour porter des ordres.
Celui qui donnait ces ordres était un jeune homme qui paraissait âgé de vingt à vingt-deux ans ; de longs cheveux blonds séparés sur le front tombaient en ondulant de chaque côté de ses joues blanches et maigres ; toute sa figure portait l’empreinte de cette tristesse fatale qui s’attache au front de ceux qui doivent mourir jeunes. Son manteau bleu, en l’enveloppant, ne le cachait pas si bien qu’il ne laissât apercevoir les signes de son grade, deux épaulettes de général ; seulement ces épaulettes étaient de laine, les officiers républicains ayant fait à la Conve
ntion l’offrande patriotique de tout l’or de leurs habits. Il était courbé sur une table, une carte géographique était déroulée sous ses yeux, et il y traçait au crayon, à la clarté d’une lampe qui s’effaçait elle-même devant la lueur de l’incendie, la route que ses soldats allaient suivre. C’était le général Marceau, qui, trois ans plus tard, devait être tué à Altenkirchen.


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