dimanche 20 novembre 2016

Vingt ans après IV - Alexandre Dumas (livre audio) | @ebookaudio

Vingt ans après IV - Alexandre Dumas (livre audio)En 1648, il y a bien longtemps que les quatre amis ne se sont pas revus. La Fronde menace: d'Artagnan et Porthos sont, sur le conseil de Rochefort (qui n'en est pas moins frondeur) recrutés par le cardinal Mazarin, tandis qu'Aramis et Athos rejoignent les rangs des rebelles. Les deux premiers tentent vainement d'empêcher l'évasion du duc de Beaufort, à laquelle participent les deux derniers. Ceci ne les empêche pas de se jurer une amitié éternelle. Ils se retrouvent dans des camps opposés pendant la guerre civile anglaise. 

Extrait : Cromwell avait dans Londres, on le sait, deux ou trois de ces retraites inconnues même au commun de ses amis, et dont il ne livrait le secret qu’à ses plus intimes. Or, Mordaunt, on se le rappelle, pouvait être compté au nombre de ces derniers.

Lorsqu’il entra, Cromwell leva la tête.
— C’est vous, Mordaunt, lui dit-il, vous venez tard.
— Général, répondit Mordaunt, j’ai voulu voir la cérémonie jusqu’au bout, cela m’a retardé.
— Ah ! dit Cromwell, je ne vous croyais pas d’ordinaire aussi curieux que cela.
— Je suis toujours curieux de voir la chute d’un des ennemis de Votre Honneur, et celui-là n’était pas compté au nombre des plus petits. Mais vous, général, n’étiez-vous pas à White-Hall ?
— Non, dit Cromwell.
Il y eut un moment de silence.
— Avez-vous eu des détails ? demanda Mordaunt.
— Aucun. Je suis ici depuis le matin. Je sais seulement qu’il y avait un complot pour sauver le roi.
— Ah ! vous saviez cela ? dit Mordaunt.
— Peu importe. Quatre hommes déguisés en ouvriers devaient tirer le roi de prison et le conduire à Greenwich, où une barque l’attendait.
— Et sachant tout cela, Votre Honneur se tenait ici, loin de la Cité, tranquille et inactif !
— Tranquille, oui, répondit Cromwell ; mais qui vous dit inactif ?
— Cependant, si le complot avait réussi ?
— Je l’eusse désiré.
— Je pensais que Votre Honneur regardait la mort de Charles Ier comme un malheur nécessaire au bien de l’Angleterre.
— Eh bien ! dit Cromwell, c’est toujours mon avis. Mais, pourvu qu’il mourût, c’était tout ce qu’il fallait ; mieux eût valu, peut-être, que ce ne fût point sur un échafaud.
— Pourquoi cela, Votre Honneur ?
Cromwell sourit.
— Pardon, dit Mordaunt, mais vous savez, général, que je suis un apprenti politique, et je désire profiter en toutes circonstances des leçons que veut bien me donner mon maître.
— Parce qu’on eût dit que je l’avais fait condamner par justice, et que je l’avais laissé fuir par miséricorde.
— Mais s’il avait fui effectivement ?
— Impossible.
— Impossible ?
— Oui, mes précautions étaient prises.
— Et Votre Honneur connaît-il les quatre hommes qui avaient entrepris de sauver le roi ?
— Ce sont ces quatre Français dont deux ont été envoyés par madame Henriette à son mari, et deux par Mazarin à moi.
— Et croyez-vous, monsieur, que Mazarin les ait chargés de faire ce qu’ils ont fait ?
— C’est possible, mais il les désavouera.
— Vous croyez ?
— J’en suis sûr.
— Pourquoi cela ?
— Parce qu’ils ont échoué.
— Votre Honneur m’avait donné deux de ces Français alors qu’ils n’étaient coupables que d’avoir porté les armes en faveur de Charles Ier. Maintenant qu’ils sont coupables de complot contre l’Angleterre, Votre Honneur veut-il me les donner tous les quatre ?
— Prenez-les, dit Cromwell.
Mordaunt s’inclina avec un sourire de triomphale férocité.
— Mais, dit Cromwell, voyant que Mordaunt s’apprêtait à le remercier, revenons, s’il vous plaît, à ce malheureux Charles. A-t-on crié parmi le peuple ?
— Fort peu, si ce n’est : « Vive Cro
mwell ! »

— Où étiez-vous placé ?
Mordaunt regarda un instant le général pour essayer de lire dans ses yeux s’il faisait une question inutile et s’il savait tout.
Mais le regard ardent de Mordaunt ne put pénétrer dans les sombres profondeurs du regard de Cromwell.
— J’étais placé de manière à tout voir et à tout entendre, répondit Mordaunt.
Ce fut au tour de Cromwell de regarder fixement Mordaunt et au tour de Mordaunt de se rendre impénétrable. Après quelques secondes d’examen, il détourna les yeux avec indifférence.
— Il paraît, dit Cromwell, que le bourreau improvisé a fort bien fait son devoir. Le coup, à ce qu’on m’a rapporté du moins, a été appliqué de main de maître.




Vingt ans après IV - Alexandre Dumas (livre audio) | @ebookaudio

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire