dimanche 20 novembre 2016

Vingt ans après II - Alexandre Dumas (livre audio) | @ebookaudio

Vingt ans après II - Alexandre Dumas (livre audio)En 1648, il y a bien longtemps que les quatre amis ne se sont pas revus. La Fronde menace: d'Artagnan et Porthos sont, sur le conseil de Rochefort (qui n'en est pas moins frondeur) recrutés par le cardinal Mazarin, tandis qu'Aramis et Athos rejoignent les rangs des rebelles. Les deux premiers tentent vainement d'empêcher l'évasion du duc de Beaufort, à laquelle participent les deux derniers. Ceci ne les empêche pas de se jurer une amitié éternelle. Ils se retrouvent dans des camps opposés pendant la guerre civile anglaise. 

Extrait : C’est qu’il s’occupait des préparatifs de départ de Raoul et qu’il cherchait à gagner du temps. D’abord, il fourbit lui-même une épée qu’il tira de son étui de cuir parfumé, examina si la poignée était bien en garde, et si la lame tenait solidement à la poignée.

Puis il jeta au fond d’une valise destinée au jeune homme un petit sac plein de louis, appela Olivain, c’était le nom du laquais qui l’avait suivi, lui fit faire le portemanteau devant lui, veillant à ce que toutes les choses nécessaires à un jeune homme qui se met en campagne y fussent renfermées.
Enfin, après avoir employé à peu près une heure à tous ces soins, il ouvrit la porte qui conduisait dans la chambre du vicomte et entra légèrement.
Le soleil, déjà radieux, pénétrait dans la chambre par la fenêtre à larges panneaux, dont Raoul, rentré tard, avait négligé de fermer les rideaux la veille. Il dormait encore, la tête gracieusement appuyée sur son bras, ses longs cheveux noirs couvrant à demi son front charmant et tout humide de cette vapeur qui roule en perles le long des joues de l’enfant fatigué.
Athos s’approcha, et le corps incliné dans une attitude pleine de tendre mélancolie, il regarda longtemps ce jeune homme à la bouche souriante, aux paupières mi-closes, dont les rêves devaient être doux et le sommeil léger, tant son ange protecteur mettait dans sa garde muette de sollicitude et d’affection.
Peu à peu Athos se laissa entraîner aux charmes de sa rêverie en présence de cette jeunesse si riche et si pure. Sa jeunesse à lui reparut, apportant tous ces souvenirs suaves, qui sont plutôt des parfums que des pensées. De ce passé au présent il y avait un abîme. Mais l’imagination a le vol de l’ange et de l’éclair ; elle franchit les mers où nous avons failli faire naufrage, les ténèbres où nos illusions se sont perdues, le précipice où notre bonheur s’est englouti. Il songea que toute la première partie de sa vie à lui avait été brisée par une femme ; il pensa avec terreur quelle influence pouvait avoir l’amour sur une organisation si fine et si vigoureuse à la fois. En se rappelant tout ce qu’il avait souffert, il prévit tout ce que Raoul pouvait souffrir, et l’expression de la tendre et profonde pitié qui passa dans son cœur se répandit dans le regard humide dont il couvrit le jeune homme.
À ce moment Raoul s’éveilla de ce réveil sans nuages, sans ténèbres et sans fatigues qui caractérise certaines organisations délicates comme celle de l’oiseau.
Ses yeux s’arrêtèrent sur ceux d’Athos, et il comprit sans doute tout ce qui se passait dans le cœur de cet homme qui attendait son réveil comme un amant attend le réveil de sa maîtresse, car son regard à son tour prit l’expression d’un amour infini.
— Vous étiez là, monsieur ? dit-il avec respect.
— Oui, Raoul, j’étais là, dit le comte.
— Et vous ne m’éveilliez point ?

— Je voulais vous laisser encore quelques moments de ce bon sommeil, mon ami ; vous devez être fatigué de la journée d’hier, qui s’est prolongée si avant dans la nuit.
— Oh ! monsieur, que vous êtes bon ! dit Raoul.
Athos sourit.
— Comment vous trouvez-vous ? lui dit-il.
— Mais parfaitement bien, monsieur, et tout à fait remis et dispos.
— C’est que vous grandissez encore, continua Athos avec un intérêt paternel et charmant d’homme mûr pour le jeune homme, et que les fatigues sont doubles à votre âge.
— Oh ! monsieur, je vous demande bien pardon, dit Raoul honteux de tant de prévenances, mais dans un instant je vais être habillé.




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