La fin de la trilogie des Mousquetaires. D'Artagnan et Athos participent, chacun à sa façon, à la restauration de Charles II sur le trône d'Angleterre. L'année suivante commence en France le règne personnel de Louis XIV, qui engage d'Artagnan dans sa lutte contre le surintendant Fouquet. Ce dernier est manipulé par Aramis, devenu évêque de Vannes et général des Jésuites, qui a entraîné Porthos dans ses aventures. Aramis ne vise à rien de moins qu'à devenir le maître de la France et de l'Eglise. Extrait : Le roi, vers les dix heures, passa chez sa mère, avec laquelle il eut un entretien fort particulier ; puis, après le dîner, il monta en voiture fermée et se rendit tout droit au Louvre. Là il reçut beaucoup de monde, et prit un certain plaisir à remarquer l’hésitation de tous et la curiosité de chacun.
Vers le soir, il commanda que les portes du Louvre fussent fermées, à l’exception d’une seule, de celle qui donnait sur le quai. Il mit en sentinelle à cet endroit deux cent-suisses qui ne parlaient pas un mot de français, avec consigne de laisser entrer tout ce qui serait ballot, mais rien autre chose, et de ne laisser rien sortir.
À onze heures précises, il entendit le roulement d’un pesant chariot sous la voûte, puis d’un autre, puis d’un troisième. Après quoi, la grille roula sourdement sur ses gonds pour se refermer.
Bientôt quelqu’un gratta de l’ongle à la porte du cabinet. Le roi alla ouvrir lui-même, et il vit Colbert, dont le premier mot fut celui-ci :
— L’argent est dans la cave de Votre Majesté.
Louis descendit alors et alla visiter lui-même les barriques d’espèces, or et argent, que, par les soins de Colbert, quatre hommes à lui venaient de rouler dans un caveau dont le roi avait fait passer la clef à Colbert le matin même. Cette revue achevée, Louis rentra chez lui, suivi de Colbert, qui n’avait pas réchauffé son immobile froideur du moindre rayon de satisfaction personnelle.
— Monsieur, lui dit le roi, que voulez-vous que je vous donne en récompense de ce dévouement et de cette probité ?
— Rien absolument, sire.
— Comment, rien ? pas même l’occasion de me servir ?
— Votre Majesté ne me fournirait pas cette occasion que je ne la servirais pas moins. Il m’est impossible de n’être pas le meilleur serviteur du roi.
— Vous serez intendant des finances, monsieur Colbert.
— Mais il y a un surintendant, sire ?
— Justement.
— Sire, le surintendant est l’homme le plus puissant du royaume.
— Ah ! s’écria Louis en rougissant, vous croyez ?
— Il me broiera en huit jours, sire ; car enfin, Votre Majesté me donne un contrôle pour lequel la force est indispensable. Intendant sous un surintendant, c’est l’infériorité.
— Vous voulez des appuis… vous ne faites pas fond sur moi ?
— J’ai eu l’honneur de dire à Votre Majesté que M. Fouquet, du vivant de M. Mazarin, était le second personnage du royaume ; mais voilà M. Mazarin mort, et M. Fouquet est devenu le premier.
— Monsieur, je consens à ce que vous me disiez toutes choses aujourd’hui encore ; mais demain, songez-y, je ne le souffrirai plus.
— Alors je serai inutile à Votre Majesté ?
— Vous l’êtes déjà, puisque vous craignez de vous compromettre en me servant.
— Je crains seulement d’être mis hors d’état de vous servir.
— Que voulez-vous alors ?
— Je veux que Votre Majesté me donne des aides dans le travail de l’intendance.
— La place perd de sa valeur ?
— Elle gagne de la sûreté.
— Choisissez vos collègues.
— MM. Breteuil, Marin, Hervard.
— Demain, l’ordonnance paraîtra.
— Sire, merci !
— C’est tout ce que vous demandez ?
— Non, sire ; encore une chose…
— Laquelle ?
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