Y inclus, gratuitement, "Sultanetta, du même auteur, en format .epub et .mobi et audio .mp3.
Revenant d'Aboukir où la flotte britannique a vaincu Bonaparte, l'Amiral Nelson est reçu en triomphateur à la cour de Naples. Garat, ambassadeur de la République, fait irruption dans cette manifestation d'hostilité anti-française et promet la guerre au Royaume de Naples. Trop vite cependant : le soir même, Salvato Palmieri, agent envoyé de Rome par le général Championnet pour informer Garat de la situation des Français et l'inviter à gagner du temps, est attaqué par les sbires de la reine Marie-Caroline de Naples. Laissé pour mort, il est recueilli par Luisa San Felice, jeune Napolitaine épouse du chevalier San Felice, vieil homme de lumières et bibliothécaire à la cour.
Extrait :Il est donc imparfait de dire : « L’amour est puissant comme la mort » ; il faut dire : « L’amour est plus puissant que la mort », puisque tous les jours l’amour combat et terrasse la mort.
Cinq minutes après que Luisa eut dit : « Bénies soient les choses que Dieu fait : elles sont bien faites ! » Luisa avait tout oublié, jusqu’à la cause qui l’avait amenée près de Salvato ; elle savait seulement qu’elle était près de Salvato, et que Salvato était près d’elle.
Il fut convenu entre les jeunes gens qu’ils ne se quitteraient que le soir ; que, le soir même, Luisa verrait le chef de la conspiration, et que, le lendemain, quand il aurait eu le temps de donner contre-ordre et de se mettre en sûreté, lui et ses complices, Salvato dirait tout au général, qui s’entendrait avec le pouvoir civil pour prendre les mesures nécessaires à l’avortement du complot, en supposant que, malgré l’avis de la San Felice, les insurgés s’obstinassent dans leur entreprise.
Puis, ce point arrêté, les deux beaux jeunes gens furent tout à leur amour.
Être tout à l’amour, quand on est bien réellement amoureux, c’est emprunter les ailes des colombes ou des anges, s’envoler bien loin de la terre, se reposer sur quelque nuage de pourpre, sur quelque rayon de soleil, se regarder, se sourire, parler bas, voir l’Éden sous ses pieds, le paradis sur sa tête, et, dans l’intervalle de ces deux mots magiques, mille fois répétés : « Je t’aime ! » entendre les chœurs célestes.
La journée passa comme un rêve. Fatigués du bruit de la rue, à l’étroit entre les quatre murs d’une chambre, aspirant à l’air, à la liberté, à la solitude, ils se jetèrent dans la campagne, qui, dans les provinces napolitaines, commence à revivre à la fin de janvier. Mais, là, aux environs de la ville, on rencontrait un importun à chaque pas. L’un des deux dit en souriant : « Un désert ! » L’autre répondit : « Paestum. »
Une calèche passait : Salvato appela le cocher, les deux amants y montèrent ; le but du voyage fut indiqué, les chevaux partirent comme le vent.
Ni l’un ni l’autre ne connaissaient Paestum. Salvato avait quitté l’Italie méridionale avant, pour ainsi dire, que ses yeux fussent ouverts, et, quoique le chevalier eût vint fois parlé de Paestum à Luisa, il n’avait jamais voulu l’y conduire, de peur de la malaria.
Eux n’y avaient pas même songé. L’un d’eux, au lieu de Paestum, eût nommé les marais Pontins, que l’autre eût répété : « Les marais Pontins. » Est-ce que la fièvre pourrait, dans un pareil moment, avoir prise sur eux ! Le bonheur n’est-il point le plus efficace des antidotes ?
Luisa n’avait rien à apprendre sur les localités que l’on traverse en contournant ce golfe magnifique qui, avant que Salerne existât, s’appelait le golfe de Paestum. Et cependant, comme une curieuse et ignorante élève en archéologie, elle laissait parler Salvato parce qu’elle aimait à l’entendre. Elle savait d’avance tout ce qu’il allait dire, et cependant il semblait qu’elle entendit pour la première fois tout ce qu’il disait.
La San Felice V - Alexandre Dumas (livre audio) | @ebookaudio
Extrait :Il est donc imparfait de dire : « L’amour est puissant comme la mort » ; il faut dire : « L’amour est plus puissant que la mort », puisque tous les jours l’amour combat et terrasse la mort.
Cinq minutes après que Luisa eut dit : « Bénies soient les choses que Dieu fait : elles sont bien faites ! » Luisa avait tout oublié, jusqu’à la cause qui l’avait amenée près de Salvato ; elle savait seulement qu’elle était près de Salvato, et que Salvato était près d’elle.
Il fut convenu entre les jeunes gens qu’ils ne se quitteraient que le soir ; que, le soir même, Luisa verrait le chef de la conspiration, et que, le lendemain, quand il aurait eu le temps de donner contre-ordre et de se mettre en sûreté, lui et ses complices, Salvato dirait tout au général, qui s’entendrait avec le pouvoir civil pour prendre les mesures nécessaires à l’avortement du complot, en supposant que, malgré l’avis de la San Felice, les insurgés s’obstinassent dans leur entreprise.
Puis, ce point arrêté, les deux beaux jeunes gens furent tout à leur amour.
Être tout à l’amour, quand on est bien réellement amoureux, c’est emprunter les ailes des colombes ou des anges, s’envoler bien loin de la terre, se reposer sur quelque nuage de pourpre, sur quelque rayon de soleil, se regarder, se sourire, parler bas, voir l’Éden sous ses pieds, le paradis sur sa tête, et, dans l’intervalle de ces deux mots magiques, mille fois répétés : « Je t’aime ! » entendre les chœurs célestes.
La journée passa comme un rêve. Fatigués du bruit de la rue, à l’étroit entre les quatre murs d’une chambre, aspirant à l’air, à la liberté, à la solitude, ils se jetèrent dans la campagne, qui, dans les provinces napolitaines, commence à revivre à la fin de janvier. Mais, là, aux environs de la ville, on rencontrait un importun à chaque pas. L’un des deux dit en souriant : « Un désert ! » L’autre répondit : « Paestum. »
Une calèche passait : Salvato appela le cocher, les deux amants y montèrent ; le but du voyage fut indiqué, les chevaux partirent comme le vent.
Ni l’un ni l’autre ne connaissaient Paestum. Salvato avait quitté l’Italie méridionale avant, pour ainsi dire, que ses yeux fussent ouverts, et, quoique le chevalier eût vint fois parlé de Paestum à Luisa, il n’avait jamais voulu l’y conduire, de peur de la malaria.
Eux n’y avaient pas même songé. L’un d’eux, au lieu de Paestum, eût nommé les marais Pontins, que l’autre eût répété : « Les marais Pontins. » Est-ce que la fièvre pourrait, dans un pareil moment, avoir prise sur eux ! Le bonheur n’est-il point le plus efficace des antidotes ?
Luisa n’avait rien à apprendre sur les localités que l’on traverse en contournant ce golfe magnifique qui, avant que Salerne existât, s’appelait le golfe de Paestum. Et cependant, comme une curieuse et ignorante élève en archéologie, elle laissait parler Salvato parce qu’elle aimait à l’entendre. Elle savait d’avance tout ce qu’il allait dire, et cependant il semblait qu’elle entendit pour la première fois tout ce qu’il disait.

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