lundi 7 novembre 2016

Jane - Alexandre Dumas (livre audio) | @ebookaudio

Jane - Alexandre Dumas (livre audio)Un jeune lieutenant, Elim Melosor, second à bord du bateau russe Le Vladimir à l'époque des guerres napoléoniennes, assiste au naufrage d'un navire au large de la Hollande, pays ennemi. Accompagné de cinq marins, il tente de sauver les sinistrés. Ils ne peuvent y arriver; leur chaloupe est détruite et les marins sont rejetés sur les côtes de Hollande. Ils se réfugient dans un moulin, juste au bon moment pour sauver les occupants, attaqués par des bandits. 

Extrait : Pendant la plus mauvaise saison de l’année, sur une mer ouverte à tous les vents, jetant leurs ancres dans d’incommensurables profondeurs, les flottes combinées avaient à soutenir le double combat des tempêtes et de l’ennemi. Elles avaient derrière elles l’Océan aux vagues grondantes, devant elles les batteries qui crachaient la flamme et le fer.

Au mois d’octobre, les tempêtes sont terribles et successives. Qui les essuya en mer, sous la toile, comme on dit en termes de marine, peut seul se faire une idée de ce qu’est un pareil temps pour une flotte obligée de jeter l’ancre. Le vaisseau reste alors immobile, mais tremblant de tous ses membres, comme un géant enchaîné, et, quelle que soit la fureur des flots, il ne peut fuir devant eux.
L’ouragan qui s’éleva dans la nuit du 16 au 17 octobre 1812 détruisit plusieurs bâtiments tant sur les plages de Hollande que sur celles d’Angleterre. Pendant toute cette nuit, au milieu des ténèbres et de la tempête, on entendait de temps en temps ce formidable coup de canon qui crie à la création : « Nous sommes perdus ! » dernier râle de la vie qui a son écho dans la tombe.
Aux premiers rayons du jour, sombre et presque aussi menaçant que la nuit qui venait de s’écouler si lentement, on vit l’effroyable position de la flotte. La ligne était rompue ; les câbles et les mâts étaient brisés ; quelques bâtiments, arrachés à leurs ancres, allaient à la dérive. Les vagues les soulevaient comme des montagnes prêtes à les engloutir. Aux yeux même des marins, la position était désastreuse.
Le vaisseau russe le Vladimir était brisé en plusieurs endroits et faisait eau. Il était le dernier de la ligne à gauche et touchait presque aux rochers qui se prolongent près d’une demi-lieue dans la mer, dans une direction parallèle à la côte. Les matelots, travaillant, avec l’ardeur d’hommes qui sentent que leur vie dépend de la vigueur de leurs bras, les uns aux pompes, les autres à la manœuvre du bâtiment, prouvaient à des yeux exercés que toute cette fatigue resterait inutile ; et la perte de ceux qui montaient le bâtiment était inévitable, lorsque, par un bonheur inespéré, avec le jour le vent baissa et la mer se calma. Un éclair d’espérance passa dans le cœur des marins : cette espérance se changea bientôt en certitude de salut. On distribua un verre d’eau-de-vie aux matelots, et un peu d’ordre commença de renaître à bord. On put permettre à la moitié des hommes de se reposer : il était quatre heures de l’après-midi.
Le lieutenant, qui était autorisé à partager le repos de ces hommes, monta alors sur le pont, et, s’adressant au capitaine, qui s’y promenait de long en large :
— Commandant, dit-il en levant sa casquette, j’ai remis tout en bon ordre : le vent souffle nord-nord-ouest ; nous sommes à l’ancre sur soixante-huit brasses de fond avec soixante et onze brasses de câble.
— Et la cale, la cale, Nicolas Alexiovitch ? demanda le commandant.
— Tout va bien de ce côté ; nous sommes maîtres de
 l’eau. Avez-vous quelques ordres à me donner ?

— Aucun, puisque vous avez pourvu à tout, Nicolas ; seulement, recevez l’expression de ma reconnaissance, et faites tous mes compliments à l’équipage pour son travail de cette nuit. Sans ce travail plus qu’humain, nous serions, à l’heure qu’il est, accrochés comme une guenille à quelque rocher où nous pêcherions des étoiles de mer.
Le lieutenant était un vieux marin hâlé par le soleil de tous les climats, portant la casquette sur l’oreille, et ayant laissé, par distraction sans doute, prendre à son épaule droite une prééminence marquée sur la gauche. Un manteau encore tout trempé de pluie tombait de ses épaules, sans qu’il songeât à s’en débarrasser ; il tenait à la main son porte-voix.
Il sourit aux paroles du commandant.




Jane - Alexandre Dumas (livre audio) | @ebookaudio

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire