lundi 7 novembre 2016

Gabriel Lambert - Alexandre Dumas (livre audio) | @ebookaudio

Gabriel Lambert - Alexandre Dumas (livre audio)Séjournant à Toulon en 1835, l'auteur croise un forçat dont le visage lui est familier. La véritable identité de cet homme, Gabriel Lambert, lui est inconnue. Et pourtant, lorsque celui-ci se présente sous un autre nom, celui du vicomte Henri de Faverne, ses souvenirs lui reviennent: il fut naguère le témoin d'un duel opposant le dit vicomte à l'un de ses amis ayant mis en cause sa prétendue noblesse. 

Extrait : Cette bastide était située à cinquante pas du fort Lamalgue, juste en face de la fameuse redoute qui vit, en 1793, surgir la fortune ailée de ce jeune officier d’artillerie qui fut d’abord le général Bonaparte, puis l’empereur Napoléon.

Je m’étais retiré là dans l’intention louable de travailler. J’avais dans la tête un drame bien intime, bien sombre, bien terrible, que je voulais faire passer de ma tête sur le papier.
Ce drame si terrible, c’était le Capitaine Paul.
Mais je remarquai une chose : c’est que, pour le travail profond et assidu, il faut les chambres étroites, les murailles rapprochées, et le jour éteint par des rideaux de couleur sombre. Les vastes horizons, la mer infinie, les montagnes gigantesques, surtout lorsque tout cela est baigné de l’air pur et doré du Midi, tout cela vous mène droit à la contemplation, et rien mieux que la contemplation ne vous éloigne du travail.
Il en résulte qu’au lieu d’exécuter Paul Jones, je rêvais Don Juan de Marana.
La réalité tournait au rêve, et le drame à la métaphysique.
Je ne travaillais donc pas, du moins le jour.
Je contemplais, et, je l’avoue, cette Méditerranée d’azur, avec ses paillettes d’or, ces montagnes gigantesques belles de leur terrible nudité, ce ciel profond et morne, à force d’être limpide ; tout cela me paraissait plus beau à voir que ce que j’aurais pu composer ne me paraissait curieux à lire.
Il est vrai que la nuit, quand je pouvais prendre sur moi de fermer mes volets aux rayons tentateurs de la lune ; quand je pouvais détourner mes regards de ce ci
el tout scintillant d’étoiles ; quand je pouvais m’isoler avec ma propre pensée, je ressaisissais quelque empire sur moi-même. Mais, comme un miroir, mon esprit avait conservé un reflet de ses préoccupations de la journée, et, comme je l’ai dit, ce n’étaient plus des créatures humaines avec leurs passions terrestres qui m’apparaissaient, c’étaient de beaux anges qui, à l’ordre de Dieu, traversaient d’un coup d’aile ces espaces infinis ; c’étaient des démons proscrits et railleurs, qui, assis sur quelque roche nue, menaçaient la terre ; c’était enfin une œuvre, comme la Divine Comédie, comme le Paradis perdu, ou comme Faust, qui demandait à éclore, et non plus une composition comme Angèle ou comme Antony.

Malheureusement je n’étais ni Dante, ni Milton, ni Gœthe.
Puis, tout au contraire de Pénélope, le jour venait détruire le travail de la nuit.




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