Ce récit constitue la suite de -Le Trou de l'Enfer-. En mars 1829, lors d'un bal costumé chez la duchesse de Berry, Julius d'Eberbach, alors ambassadeur de Prusse à Paris, rencontre son vieil ami Samuel Gelb qu'il n'a pas vu depuis vingt ans. La rencontre de Julius vient à point pour Samuel. En effet, celui-ci fait partie d'une société secrète parisienne en liaison avec celle de sa jeunesse, la Tugendbund, et pour accéder aux hautes fonctions dont il rêve depuis longtemps, il a besoin d'argent. Il renoue donc avec Julius afin de s'approprier sa fortune, d'autant que celui-ci, depuis la mort tragique de son épouse Christiane au Trou de l'Enfer, n'a plus d'autre parenté que Lothario, son neveu. Extrait : Mais les penseurs ne se laissent pas prendre à ces apparences. Ils savent que le progrès et la civilisation ne s’arrêtent jamais, et que ces réconciliations momentanées ne sont que le repos qui précède les grandes crises. C’est par le ciel bleu qu’il faut s’attendre aux coups de foudre, et quand la révolution sommeille, elle prend des forces pour les luttes prochaines.
M. de Martignac était un esprit souple, délié et conciliant, qui jouait, entre la cour et la nation, le rôle des soubrettes de comédie entre les amoureux qui se boudent. Ce qui ôtait de la valeur à son personnage, c’est qu’ici les amoureux ne s’aimaient pas, et que le rapatriage devait finir par une rupture violente. Mais M. de Martignac n’en travaillait pas moins au mariage comme s’il n’y avait pas la séparation derrière. Il allait du roi à la France, disant à chacun du bien de l’autre, réfutant les griefs, éloignant les rancunes, faisant faire des deux parts un pas vers le rapprochement désirable. Il défendait la liberté aux Tuileries, et la royauté au Palais-Bourbon.
Cette tâche de médiateur ne s’accomplit pas sans risquer un peu de soi-même. On ne se jette pas entre les combattants sans attraper les horions de droite et de gauche. Les opinions veulent qu’on les épouse absolument, et n’admettent pas la bigamie. M. de Martignac compromettait donc son crédit du côté des courtisans et sa popularité du côté des libéraux, et il se faisait des ennemis dans les deux camps. Mais, en revanche, il se faisait des amis parmi ceux dont il est surtout charmant d’être aimé, parmi les artistes, les jeunes gens et les femmes, qui lui savaient gré de l’apaisement qu’il avait mis dans la situation. Tout le monde élégant et spirituel, dont la paix, les fêtes et l’art sont la vie, lui était reconnaissant du plaisir retrouvé et le remerciait en s’amusant.
On se souvient quel ravissant, oublieux et ardent tourbillon fut le carnaval de 1829.
Ce fut comme une mer montante de fêtes, de bals et de mascarades, dont la vague s’éleva jusqu’aux plus hautes régions, et atteignit aux marches du trône. Son Altesse Royale madame la duchesse de Berry, entraînée par le torrent, conçut l’idée de recommencer la mode des résurrections des époques historiques.
Madame la duchesse de Berry, c’est plus que jamais le moment de le dire, à présent qu’elle est en exil, était une nature charmante et vivante. Aussi brave à la joie au pavillon Marsan, qu’elle l’a été au péril en Vendée ; elle avait dans l’imagination cet entrain, cette verve, cette hardiesse qu’elle a eus dans l’action depuis. Dans toutes les fêtes qui jetèrent comme les splendeurs du soleil couchant sur la dernière heure de la monarchie expirante, elle fut deux fois la reine, reine par droit de naissance et reine par droit de conquêtes. Figure deux fois française ; spirituelle et courageuse, capricieuse et chevaleresque, cordiale et virile, devant laquelle les poètes de l’avenir rêveront bien des romans, lorsque la perspective du temps aura idéalisé quelques parties trop réelles et estompé quelques saillies que nous voyons de trop près maintenant.
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