Raoul d'Harmental, jeune aristocrate monté à Paris en 1711, est un aventurier plutôt susceptible et impétueux. S'étant illustré à la dernière victoire de Louis XIV, nommé colonel à cette occasion, d'Harmental se trouve après la mort du roi mêlé au conflit qui oppose le parti des princes légitimes et celui des bâtards. Extrait : Des valets en grande livrée attendaient sur le perron, et tout annonçait les préparatifs d’une fête. D’Harmental passa à travers leur double haie, franchit le vestibule, et se trouva dans un grand salon au milieu duquel causaient par groupes, en attendant la maîtresse de la maison, une vingtaine de personnes dont la plupart étaient de sa connaissance. C’étaient, entre autres, le comte de Laval, le marquis de Pompadour, le poète Saint-Genest, le vieil abbé de Chaulieu, Saint-Aulaire, mesdames de Rohan, de Croissy, de Charost et de Brissac.
D’Harmental alla droit au marquis de Pompadour, celui de toute cette noble et intelligente société qu’il connaissait le plus. Tous deux échangèrent une poignée de main, puis d’Harmental tirant Pompadour à l’écart :
— Mon cher marquis, dit le chevalier, pourriez-vous m’apprendre comment il se fait que, lorsque je croyais arriver tout juste pour un triste et ennuyeux conciliabule politique, je me trouve jeté au milieu des préparatifs d’une fête ?
— Ma foi ! je n’en sais rien, mon cher chevalier, répondit Pompadour ; et vous me voyez aussi étonné que vous, j’arrive moi-même de Normandie.
— Ah ! vous arrivez aussi, vous ?
— À l’instant même. Aussi faisais-je la même question que vous venez de me faire à Laval. Mais il arrive de Suisse, et il n’en sait pas plus que nous.
En ce moment, on annonça le baron de Valef.
— Ah ! pardieu ! voilà notre affaire, continua Pompadour ; Valef est des plus intimes de la duchesse, et il nous dira cela, lui.
D’Harmental et Pompadour allèrent à Valef, qui, de son côté, les reconnaissant, vint droit à eux ; d’Harmental et Valef ne s’étaient pas revus depuis le jour du duel par lequel nous avons ouvert cette histoire, de sorte qu’ils se serrèrent la main avec un grand plaisir. Puis, après les premiers compliments échangés :
— Mon cher Valef, demanda d’Harmental, pourriez-vous me dire quel est le but de cette grande réunion, quand je croyais être convoqué en très petit comité ?
— Ma foi ! mon très cher, je n’en sais rien, dit Valef ; j’arrive de Madrid.
— Ah çà ! mais tout le monde arrive donc ici ? dit en riant Pompadour ; ah ! voilà Malezieux. J’espère que celui-là n’arrive que de Dombes ou de Châtenay, et comme en tout cas il a certainement passé par la chambre de madame du Maine, nous allons enfin savoir de ses nouvelles…
À ces mots, Pompadour fit un signe à Malezieux, mais le digne chancelier était trop galant pour ne pas s’acquitter d’abord de son devoir de chevalier auprès des femmes : il alla donc saluer mesdames de Rohan, de Charost, de Croissy et de Brissac, puis il s’achemina vers le groupe que formaient Pompadour, d’Harmental et de Valef.
Le chevalier d’Harmental 2 - Alexandre Dumas (livre audio) | @ebookaudio
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