samedi 29 octobre 2016

La comtesse de Charny III - Alexandre Dumas (livre audio) | @ebookaudio

La comtesse de Charny III - Alexandre Dumas (livre audio)Les «Mémoires d'un médecin» est une suite romanesque qui a pour cadre la Révolution Française et qui comprend «Joseph Balsamo», «le Collier de la reine», «Ange Pitou» et la «Comtesse de Charny». Suite à la révolte du peuple du 6 octobre 1789, la famille royale est ramenée de force de Versailles à Paris et installée aux Tuileries. La reine Marie-Antoinette est de plus en plus injuste envers Andrée (la comtesse de Charny) parce qu'elle se rend compte que le mariage arrangé du comte (qu'elle aime passionnément) et de la comtesse de Charny peut devenir un mariage d'amour. Quittant alors le service de la reine, Andrée découvre enfin la joie de connaître son fils Sébastien, fruit de son viol par Gilbert lequel avait enlevé cet enfant à sa naissance.

Extrait : — Pourquoi vouloir me comprendre, monsieur le comte ? Est-ce que je vous demande, moi, les causes de votre fidélité au roi, les causes de votre dévouement à la reine ? Non, je présume que vous avez vos raisons pour agir ainsi, et que, comme vous êtes, vous, un homme honnête et sage, vos raisons sont bonnes, ou tout au moins selon votre conscience. Je n’ai pas votre haute position, monsieur le comte, je n’ai pas votre savoir ; cependant, vous me connaissez ou m’avez connu homme honnête et sage aussi ! Supposez donc que, comme vous, j’ai mes raisons, sinon bonnes, du moins selon ma conscience.

— Billot, dit Charny, qui ignorait complètement les motifs de haine que le fermier pouvait avoir contre la noblesse ou la royauté, je vous ai connu, et il n’y a pas longtemps de cela, bien autrement que vous n’êtes aujourd’hui.
— Oh ! certes, je ne le nie pas, dit Billot avec un sourire amer, oui, vous m’avez connu bien autrement que je ne suis ; je vais vous dire comme j’étais, monsieur le comte : j’étais un vrai patriote, dévoué à deux hommes et à une chose : ces deux hommes, c’étaient le roi et M. Gilbert ; cette chose, c’était mon pays. Un jour, les agents du roi – et, je vous l’avoue, dit le fermier en secouant la tête, cela commença à me brouiller avec lui – un jour, les agents du roi vinrent chez moi, et, moitié par force, moitié par surprise, m’enlevèrent une cassette, dépôt précieux qui m’avait été confié par M. Gilbert. Aussitôt libre, je partis pour Paris ; j’y arrivai le 13 juillet au soir ; c’était au milieu de l’émeute des bustes de M. le duc d’Orléans et de M. Necker ; on portait ces bustes par les rues en criant : « Vive le duc d’Orléans ! Vive M. Necker ! » Cela ne faisait pas grand mal au roi, et, cependant, tout à coup, les soldats du roi nous chargèrent. Je vis de pauvres diables qui n’avaient commis d’autre crime que de crier vivent deux hommes qu’ils ne connaissaient probablement pas, tomber, autour de moi, les uns la tête fendue par des coups de sabre, les autres, la poitrine trouée par des balles ; je vis M. de Lambesc, un ami du roi, poursuivre dans les Tuileries des femmes et des enfants qui n’avaient rien crié du tout, et fouler aux pieds de son cheval un vieillard de soixante et dix ans. Cela continua de me brouiller un peu plus encore avec le roi. Le lendemain, je me présentai à la pension du petit Sébastien, et j’appris par le pauvre enfant que son père était à la Bastille, sur un ordre du roi sollicité par une dame de la Cour ! Et je continuai de me dire, à part moi, que le roi qu’on prétendait si bon avait, au milieu de cette bonté, de grands moments d’erreur, d’ignorance ou d’oubli, et, pour réformer, autant qu’il était en moi, une des fautes que le roi avait commises dans un de ces moments d’oubli, d’ignorance ou d’erreur, je contribuai de tout mon pouvoir à prendre la Bastille. Nous y arrivâmes – ce ne fut pas sans peine ; les soldats du roi tirèrent sur nous, nous tuèrent deux cents hommes, à peu près ; ce qui me donna de nouveau occasion de n’être pas de l’avis de tout le monde sur cette grande bonté du roi ; mais, enfin, la Bastille fut prise : dans un des cachots, je trouvai 
M. Gilbert, pour lequel je venais de risquer de me faire tuer vingt fois, et la joie de le retrouver me fit oublier bien des choses. D’ailleurs, M. Gilbert me dit tout le premier que le roi était bon, qu’il ignorait la plupart des indignités qui se faisaient en son nom, et que ce n’était pas à lui qu’il fallait en vouloir, que c’était à ses ministres ; or, comme tout ce que me disait M. Gilbert à cette époque était pour moi parole d’évangile, je crus M. Gilbert, et, voyant la Bastille prise, M. Gilbert libre, et Pitou et moi sains et saufs, j’oubliai les fusillades de la rue Saint-Honoré, les charges des Tuileries, les cent cinquante ou deux cents hommes tués par la musette de M. le prince de Saxe, et l’emprisonnement de M. Gilbert sur la simple demande d’une dame de la Cour… Mais pardon ! monsieur le comte, dit Billot en s’interrompant, tout cela ne vous regarde point, et vous ne m’avez pas demandé à me parler en tête à tête pour écouter les rabâchages d’un pauvre paysan sans éducation ; vous êtes à la fois un grand seigneur et un savant



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