lundi 14 novembre 2016

La San Felice III - Alexandre Dumas (livre audio) | @ebookaudio

La San Felice III - Alexandre Dumas (livre audio)Y inclus, gratuitement, "Sultanetta, du même auteur, en format .epub et .mobi et audio .mp3.
Revenant d'Aboukir où la flotte britannique a vaincu Bonaparte, l'Amiral Nelson est reçu en triomphateur à la cour de Naples. Garat, ambassadeur de la République, fait irruption dans cette manifestation d'hostilité anti-française et promet la guerre au Royaume de Naples. Trop vite cependant : le soir même, Salvato Palmieri, agent envoyé de Rome par le général Championnet pour informer Garat de la situation des Français et l'inviter à gagner du temps, est attaqué par les sbires de la reine Marie-Caroline de Naples. Laissé pour mort, il est recueilli par Luisa San Felice, jeune Napolitaine épouse du chevalier San Felice, vieil homme de lumières et bibliothécaire à la cour.

Extrait : Le son des cloches et le bruit du canon retentissaient donc dans toutes les maisons de Naples, et, selon les opinions de ceux qui les habitaient, y éveillaient ou la joie ou le dépit ; en effet, tous ceux qui appartenaient au parti libéral voyaient avec peine le triomphe de Ferdinand sur les Français, attendu que ce n’était point le triomphe d’un peuple sur un autre peuple, mais celui d’un principe sur un autre principe. Or, l’idée française représentait, aux yeux des libéraux de Naples, l’humanité, l’amour du bien public, le progrès, la lumière, la liberté, tandis que l’idée napolitaine, aux yeux de ces mêmes libéraux, représentait la barbarie, l’égoïsme, l’immobilité, l’obscurantisme et la tyrannie.

Ceux-là, se sentant vaincus moralement, s’étaient renfermés dans leurs maisons, comprenant qu’il n’y avait aucune sécurité pour eux à se montrer en public, se rappelant la mort terrible du duc della Torre et de son frère, et déplorant non seulement pour Rome, où il allait rétablir le pouvoir pontifical, mais encore pour Naples, où il allait consolider le despotisme, le triomphe du roi Ferdinand, c’est-à-dire celui des idées rétrogrades sur les idées révolutionnaires.
Quant aux absolutistes, – et le nombre en était grand à Naples, car ce nombre se composait de tout ce qui appartenait à la cour ou qui vivait ou dépendait d’elle, et du peuple tout entier : pêcheurs, portefaix, lazzaroni, – ces hommes étaient dans la plus effervescente jubilation. Ils couraient par les rues en criant : « Vive Ferdinand IV ! vive Pie VI ! Mort aux Français ! mort aux jacobins ! » Et, au milieu de ceux-là, criant plus fort que tous les autres, était frère Pacifique, ramenant au couvent son âne Jacobin, près de succomber sous la charge de ses deux paniers débordant de provisions de toute espèce et brayant de toutes ses forces à l’instar de son maître, lequel, dans ses plaisanteries peu attiques, prétendait que son compagnon de quête déplorait la défaite de ses congénères les jacobins.
Ces plaisanteries faisaient beaucoup rire les lazzaroni, qui ne sont pas difficiles sur le choix de leurs sarcasmes.
Si éloignée du centre de la ville que fût la maison du Palmier, ou plutôt celle de la duchesse Fusco qui y attenait, le bruit des cloches et le retentissement du canon y avaient pénétré et avaient fait tressaillir Salvato, comme tressaille un cheval de guerre au son de la trompette.
Ainsi que l’avait appris le général Championnet par le dernier billet anonyme qu’il avait reçu et qui, comme on s’en doute bien, était du digne docteur Cirillo, le blessé, sans être complètement guéri, allait beaucoup mieux. Après s’être levé de son lit, sur la permission du docteur, aidé de Luisa et de sa femme de chambre, pour s’étendre sur un fauteuil, il s’était levé de son fauteuil, et, appuyé sur le bras de Luisa, avait fait quelques tours dans la chambre. Enfin, un jour qu’en l’absence de sa maîtresse, Giovannina lui avait offert de l’aider à accomplir une de ces promenades, il l’avait remerciée, mais avait refusé, et, seul, il avait répété cette promenade circonscrite qu’il faisait au bras de la San Felice. Giovannina, sans rien dire, s’était alors retirée dans sa chambre et avait longuement pleuré. Il était évident que Salvato répugnait à recevoir, de la femme de chambre, les soins qui le rendaient si heureux venant de sa maîtresse, et, quoiqu’elle comprît très bien 
qu’entre sa maîtresse et elle, il n’y avait point, pour un homme distingué, d’hésitation possible, elle n’en avait pas moins éprouvé une de ces douleurs profondes sur lesquelles le raisonnement ne peut rien, ou plutôt que le raisonnement rend plus amères encore.
Quand elle vit, à travers la porte vitrée, passer sa maîtresse, se rendant, après le départ du chevalier, légère comme un oiseau, à la chambre du malade, ses dents se serrèrent, elle poussa un gémissement qui ressemblait à une menace, et, de même qu’avec cet entraînement sensuel des femmes du Midi vers la perfection physique, elle avait aimé le beau jeune homme sans le vouloir, elle se trouvait haïr sa maîtresse instinctivement et en quelque sorte malgré elle.
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