samedi 15 octobre 2016

Les Coups d'épée de M. de la Guerche - Amédée Achard (livre audio) | @ebookaudio

Vers l'an de grâce 16..., il n'était pas, dans l'ancienne province de la Marche, d'ennemis plus irréconciliables, ni d'amis plus intimes, que le jeune huguenot Armand-Louis de la Guerche, et son voisin, le catholique Renaud de Chaufontaine. Lorsque, après la prise de La Rochelle par les troupes de Richelieu, M. de la Guerche s'enfuit en Suède, chargé de documents précieux pour le roi Gustave-Adolphe, il retrouve dans des circonstances dramatiques son ami Renaud ainsi que la ravissante Adrienne de Souvigny. De multiples péripéties entraîneront alors les jeunes gens jusqu'au siège de Magdebourg, où l'histoire se dénouera à la satisfaction des héros, et par le châtiment de leurs adversaires.
Les Coups d'épée de M. de la Guerche - Amédée Achard (livre audio)Extrait: Cela durait depuis le temps où M. de la Guerche et M. de Chaufontaine cherchaient des prunelles dans les haies et des noisettes dans les taillis.
La sympathie des deux jeunes gentilshommes provenait de la grande similitude d’âge, de goût, de caractère ; l’antipathie avait pour cause la différence de religion. Le comte Armand était huguenot ; le marquis Renaud bon catholique. Celui-ci se découvrait au nom de feu l’amiral Coligny ; l’autre tenait M. de Guise pour un grand saint. On avait donc six heures par jour pour s’aimer et six pour se haïr. Le reste du temps appartenait à l’escrime, à la chasse, à l’équitation. On disait de Renaud que personne, dans la province, ne montait aussi bien à cheval, si ce n’est M. de la Guerche ; et d’Armand-Louis, que nul gentilhomme de la contrée ne maniait aussi lestement l’épée, le poignard de merci, la pertuisane et l’arquebuse, si ce n’est M. de Chaufontaine. Le comte traversait une rivière comme un cygne ; le marquis franchissait un ravin comme un chevreuil. Ils luttaient contre les mêmes taureaux : et si l’un ne connaissait pas de barrière qui pût l’arrêter, l’autre ne savait guère de fossés devant lesquels il eût reculé.
Quand on rencontrait le jeune Renaud à cheval, courant dans la campagne, c’est qu’il cherchait Armand-Louis ; quand on voyait le comte tête nue, passant comme un cerf à travers les bruyères, c’est qu’il allait au-devant du marquis. Peu après on les apercevait au bord d’un ruisseau, déjeunant d’un morceau de pain qu’ils arrosaient fraternellement d’un peu d’eau fraîche ; la chose faite, épuisés par la course, ils dormaient côte à côte.

– C’est Nisus et Euryale ! disaient les savants du pays.
Mais si le lendemain on entendait dans une clairière le bruit sourd d’une branche de chêne heurtant un bâton de cornouiller, les bergers du canton savaient que les deux inséparables étaient aux prises.
– C’est Achille et Hector ! reprenait-on.
Et personne ne songeait à intervenir dans la querelle.
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