Y inclus, gratuitement, "Le grand Inquisiteur" du même auteur,  en format .epub et .mobi et audio .mp3.Courant les grands casinos européens, Dostoïevski est criblé de dettes quand il écrit ce court roman. Dans une ville d'eau imaginaire, Alexis est employé dans la maison d'un général russe endetté auprès de son entourage. Paulina, pupille du général, demande à Alexis de jouer à la roulette pour elle, son rang lui interdisant les jeux de hasard. Elle a besoin d'argent mais ne dit pas pourquoi à Alexis, amoureux d'elle. Le général a également besoin d'argent, il attend la mort d'une tante et l'héritage, condition pour pouvoir épouser Blanche de Comminges, une femme beaucoup plus jeune que lui. Mais, voilà, la tante découvre le jeu de la roulette...
Extrait : Maria Felipovna était très affairée et me parla à la hâte. Elle prit pourtant l’argent, le compta et écouta tout mon rapport. On attendait pour le dîner Mézentsov, le petit Français et un Anglais. Comme ils ne manquaient pas de le faire quand ils avaient de l’argent, en vrais Moscovites qu’ils sont, mes maîtres avaient organisé un dîner d’apparat. En me voyant, Paulina Alexandrovna me demanda pourquoi j’étais resté si longtemps, et disparut sans attendre ma réponse. Évidemment elle agissait ainsi à dessein. Il faut pourtant nous expliquer ; j’ai beaucoup de choses à lui dire.
On m’assigna une petite chambre au quatrième étage de l’hôtel. – On sait ici que j’appartiens à la suite du général. –Le général passe pour un très riche seigneur. Avant le dîner, il me donna entre autres commissions celle de changer des billets de mille francs. J’ai fait de la monnaie dans le bureau de l’hôtel ; nous voilà, aux yeux des gens, millionnaires au moins durant toute une semaine.
Je voulus d’abord prendre Nicha et Nadia pour me promener avec eux. Mais de l’escalier on m’appela chez le général : il désirait savoir où je les menais. Décidément, cet homme ne peut me regarder en face. Il s’y efforce ; mais chaque fois je lui réponds par un regard si fixe, si calme qu’il perd aussitôt contenance. En un discours très pompeux, par phrases étagées solennellement, il m’expliqua que je devais me promener avec les enfants dans le parc. Enfin, il se fâcha tout à coup, et ajouta avec roideur :
Extrait : Maria Felipovna était très affairée et me parla à la hâte. Elle prit pourtant l’argent, le compta et écouta tout mon rapport. On attendait pour le dîner Mézentsov, le petit Français et un Anglais. Comme ils ne manquaient pas de le faire quand ils avaient de l’argent, en vrais Moscovites qu’ils sont, mes maîtres avaient organisé un dîner d’apparat. En me voyant, Paulina Alexandrovna me demanda pourquoi j’étais resté si longtemps, et disparut sans attendre ma réponse. Évidemment elle agissait ainsi à dessein. Il faut pourtant nous expliquer ; j’ai beaucoup de choses à lui dire.
On m’assigna une petite chambre au quatrième étage de l’hôtel. – On sait ici que j’appartiens à la suite du général. –Le général passe pour un très riche seigneur. Avant le dîner, il me donna entre autres commissions celle de changer des billets de mille francs. J’ai fait de la monnaie dans le bureau de l’hôtel ; nous voilà, aux yeux des gens, millionnaires au moins durant toute une semaine.
Je voulus d’abord prendre Nicha et Nadia pour me promener avec eux. Mais de l’escalier on m’appela chez le général : il désirait savoir où je les menais. Décidément, cet homme ne peut me regarder en face. Il s’y efforce ; mais chaque fois je lui réponds par un regard si fixe, si calme qu’il perd aussitôt contenance. En un discours très pompeux, par phrases étagées solennellement, il m’expliqua que je devais me promener avec les enfants dans le parc. Enfin, il se fâcha tout à coup, et ajouta avec roideur :
— Car vous pourriez bien, si je vous laissais faire, les mener à la gare, à la roulette. Vous en êtes bien capable, vous avez la tête légère. Quoique je ne sois pas votre mentor, – et c’est un rôle que je n’ambitionne point, – j’ai le droit de désirer que… en un mot… que vous ne me compromettiez pas…
— Mais pour perdre de l’argent il faut en avoir, répondis-je tranquillement, et je n’en ai point.
— Vous allez en avoir, dit-il un peu confus.
Il ouvrit son bureau, chercha dans son livre de comptes et constata qu’il me devait encore cent vingt roubles.
— Comment faire ce compte ? Il faut l’établir en thalers… Eh bien, voici cent thalers en somme ronde ; le reste ne sera pas perdu.
Je pris l’argent en silence.
Le joueur - Fiodor Dostoïevski (livre audio) | @ebookaudio
— Mais pour perdre de l’argent il faut en avoir, répondis-je tranquillement, et je n’en ai point.
— Vous allez en avoir, dit-il un peu confus.
Il ouvrit son bureau, chercha dans son livre de comptes et constata qu’il me devait encore cent vingt roubles.
— Comment faire ce compte ? Il faut l’établir en thalers… Eh bien, voici cent thalers en somme ronde ; le reste ne sera pas perdu.
Je pris l’argent en silence.
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