Edmond Dantès, victime d'une dénonciation calomnieuse alors qu'il allait épouser la belle Mercédès, est enfermé pour 14 ans dans un sinistre cachot du château d'If en rade de Marseille. Son salut viendra de l'abbé Faria, un autre prisonnier avec lequel il entretient une amitié clandestine des années durant. Celui-ci lui transmet sa vaste culture et à sa mort, un trésor caché. Extrait : La nouvelle de l’arrivée du Pharaon n’était pas encore parvenue au vieillard, qui s’occupait, monté sur une chaise, à palissader d’une main tremblante quelques capucines mêlées de clématites, qui montaient en grimpant le long du treillage de sa fenêtre.
Tout à coup il se sentit prendre à bras-le-corps, et une voix bien connue s’écria derrière lui :
« Mon père, mon bon père ! »
Le vieillard jeta un cri et se retourna ; puis, voyant son fils, il se laissa aller dans ses bras, tout tremblant et tout pâle.
« Qu’as-tu donc, père ? s’écria le jeune homme inquiet ; serais-tu malade ?
— Non, non, mon cher Edmond, mon fils, mon enfant, non ; mais je ne t’attendais pas, et la joie, le saisissement de te revoir ainsi à l’improviste… Ah ! mon Dieu ! il me semble que je vais mourir !
— Eh bien, remets-toi donc, père ! c’est moi, bien moi ! On dit toujours que la joie ne fait pas de mal, et voilà pourquoi je suis entré ici sans préparation. Voyons, souris-moi, au lieu de me regarder comme tu le fais, avec des yeux égarés. Je reviens et nous allons être heureux.
— Ah ! tant mieux, garçon ! reprit le vieillard, mais comment allons-nous être heureux ? tu ne me quittes donc plus ? Voyons, conte-moi ton bonheur.
— Que le Seigneur me pardonne, dit le jeune homme, de me réjouir d’un bonheur fait avec le deuil d’une famille ! Mais Dieu sait que je n’eusse pas désiré ce bonheur ; il arrive, et je n’ai pas la force de m’en affliger : le brave capitaine Leclère est mort, mon père, et il est probable que, par la protection de M. Morrel, je vais avoir sa place. Comprenez-vous, mon père ? capitaine à vingt ans ! avec cent louis d’appointements et une part dans les bénéfices ! n’est-ce pas plus que ne pouvait vraiment l’espérer un pauvre matelot comme moi ?
— Oui, mon fils, oui, en effet, dit le vieillard, c’est heureux.
— Aussi je veux que du premier argent que je toucherai vous ayez une petite maison, avec un jardin pour planter vos clématites, vos capucines et vos chèvrefeuilles… Mais, qu’as-tu donc, père, on dirait que tu te trouves mal ?
— Patience, patience ! ce ne sera rien. »
Et, les forces manquant au vieillard, il se renversa en arrière.
« Voyons ! voyons ! dit le jeune homme, un verre de vin, mon père ; cela vous ranimera ; où mettez-vous votre vin ?
— Non, merci, ne cherche pas ; je n’en ai pas besoin, dit le vieillard essayant de retenir son fils.
— Si fait, si fait, père, indiquez-moi l’endroit. »
Et il ouvrit deux ou trois armoires.
« Inutile… dit le vieillard, il n’y a plus de vin.
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