Agénor de Mauléon et son fidèle écuyer Musaron se dirigent vers le Portugal, pour y rejoindre Frédéric, Grand Maître de Saint-Jacques, frère de don Pedro, roi d'Espagne. Agénor rencontre sur sa route un Maure et sa suite, dont une litière aux rideaux fermés qui l'intrigue fort. Ce Maure, Mothril, vient chercher Frédéric pour le conduire à Séville, chez le roi. Agénor les accompagne; il perce alors le secret de la litière.Extrait : Il y avait plus de tactique et d’art militaire qu’on ne pense dans ces hommes de proie, assujettis comme les oiseaux rapaces, leurs semblables, ou comme les loups leurs frères, à ces pratiques journalières de vigilance, d’industrie et de résolution, qui donnent la supériorité aux gens vulgaires et le génie aux hommes supérieurs.
Ils comprirent donc admirablement les dispositions générales que le héros breton leur soumit, et qui formaient cet ensemble d’opérations qu’on peut toujours arrêter d’avance, et d’où ressortent ces opérations particulières que commandent les circonstances. Mais à tout ce belliqueux projet, ils objectèrent un seul argument auquel il n’y avait point de réplique : De l’argent.
Il est juste de dire qu’il y eut unanimité dans l’objection et que l’argument fut lancé d’une seule voix.
— C’est vrai, répondit Duguesclin, et j’y avais bien pensé.
Les chefs firent un signe de tête qui voulait dire qu’ils lui savaient gré de cette prévision.
— Mais, ajouta Duguesclin, vous en aurez après la première bataille.
— Encore faut-il vivre jusque-là, reprit le Vert-Chevalier, et donner une paie quelconque à nos soldats.
— À moins, dit Caverley, que nous ne continuions à vivre sur le paysan français. Mais ces cris, ces diables de paysans crient toujours ! ces cris écorcheraient les oreilles de notre illustre connétable. D’ailleurs, à quoi bon devenir capitaine honnête, si l’on pille comme lorsque l’on était aventurier ?
— Excessivement juste, dit Duguesclin.
— J’ajouterai, dit Claude l’Écorcheur, autre drôle tout à fait digne de hurler avec de pareils loups, et qui passait pour moins féroce que Caverley, mais pour cent fois plus traître et plus pillard ; j’ajouterai, dis-je, que nous voilà les alliés de monseigneur le roi de France, puisque nous allons venger la mort de sa belle-sœur, et que nous serions indignes de cet honneur, honneur inappréciable pour de simples aventuriers comme nous, si nous ne cessions pas, momentanément du moins, de ruiner le peuple de notre royal allié.
— Judicieux et profond, répondit Duguesclin, mais proposez-moi un moyen d’avoir de l’argent.
— Ce n’est pas notre affaire d’avoir de l’argent, dit Hugues de Caverley, notre affaire est de le recevoir.
— Il n’y a rien à répondre à cela, dit Duguesclin, et le docteur ne serait pas meilleur logicien que vous, sir Hugues ; mais voyons, que demandez-vous ?
Le bâtard de Mauléon II - Alexandre Dumas (livre audio) | @ebookaudio
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire