Belle-Rose, gentilhomme et soldat, ne peut obtenir la main de sa belle, car il ne peut prétendre à la fortune, ou à la noblesse de son rival. Il annonce qu'il les gagnera et qu'il reviendra... Suivent les années de combat pendant lesquelles il gagne l'amitié indéfectible de la Déroute et de son fidèle Grippard, mérite l'amitié des soldats et l'inimitiés des intriguants et des puissants. Le destin de notre héros sera bien sûr de retrouver sa belle et de se marier... Au-delà des aventures de Belle-Rose, ce roman est également un beau tableau de la vie militaire et civile sous Louis XIV.
Extrait: Guillaume Grinedal, ou le père Guillaume, comme on l’appelait familièrement, était bien le meilleur fauconnier qu’il y eût dans tout l’Artois ; mais depuis longtemps déjà il n’avait guère eu l’occasion d’exercer son savoir. Durant la régence de la reine Anne d’Autriche, le seigneur d’Assonville, son maître, ruiné par les guerres, avait été contraint de vendre ses terres ; mais, avant de quitter le pays, voulant récompenser la fidélité de son vieux serviteur, il lui avait fait présent de la maisonnette et du jardin. Le vieux Grinedal, se refusant à servir de nouveaux maîtres, s’était retiré dans cette habitation, où il vivait du produit de quelques travaux et de ses épargnes. Devenu veuf, le père Guillaume ne pensait plus qu’à ses enfants, qu’il élevait aussi bien que ses moyens le lui permettaient et le plus honnêtement du monde. Tant qu’ils furent petits, les enfants vécurent aussi libres que des papillons, se roulant sur l’herbe en été, patinant sur la glace en hiver, et courant tête nue au soleil, par la pluie ou par le vent. Puis arriva le temps des études, qui consistaient à lire dans un grand livre sur les genoux du bonhomme Grinedal, et à écrire sur une ardoise, ce qui n’empêchait pas qu’on trouvât encore le loisir de ramasser les fraises dans les bois et les écrevisses dans les ruisseaux.
Jacques, l’aîné de la famille, était, à dix-sept ou dix-huit ans, un grand garçon qui paraissait en avoir plus de vingt. Il n’était pas beau parleur, mais il agissait avec une hardiesse et une résolution extrêmes aussitôt qu’il croyait être dans son droit. Sa force le faisait redouter de tous les écoliers du faubourg et de la banlieue, comme sa droiture l’en faisait aimer. On le prenait volontiers pour juge dans toutes les querelles d’enfants ; Jacques rendait son arrêt, l’appuyait au besoin de quelques bons coups de poing, et tout le monde s’en retournait content. Quand il y avait une dispute et des batailles pour des cerises ou quelque toupie d’Allemagne, aussitôt qu’on voyait arriver Jacques, les plus tapageurs se taisaient et les plus faibles se redressaient ; Jacques écartait les combattants, se faisait rendre compte des causes du débat, distribuait un conseil aux uns, une taloche aux autres, adjugeait l’objet en litige et mettait chacun d’accord par une partie de quilles.
Belle-Rose - Amédée Achard (livre audio) | @ebookaudio
Jacques, l’aîné de la famille, était, à dix-sept ou dix-huit ans, un grand garçon qui paraissait en avoir plus de vingt. Il n’était pas beau parleur, mais il agissait avec une hardiesse et une résolution extrêmes aussitôt qu’il croyait être dans son droit. Sa force le faisait redouter de tous les écoliers du faubourg et de la banlieue, comme sa droiture l’en faisait aimer. On le prenait volontiers pour juge dans toutes les querelles d’enfants ; Jacques rendait son arrêt, l’appuyait au besoin de quelques bons coups de poing, et tout le monde s’en retournait content. Quand il y avait une dispute et des batailles pour des cerises ou quelque toupie d’Allemagne, aussitôt qu’on voyait arriver Jacques, les plus tapageurs se taisaient et les plus faibles se redressaient ; Jacques écartait les combattants, se faisait rendre compte des causes du débat, distribuait un conseil aux uns, une taloche aux autres, adjugeait l’objet en litige et mettait chacun d’accord par une partie de quilles.

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